lundi 26 avril 2021

71 ans après sa mort, André Le Duc est Résistant - Article Ouest-France

https://www.ouest-france.fr/normandie/71-ans-apres-sa-mort-andre-le-duc-est-resistant-3587541 « André » Le Duc a été exécuté en 1944 pour avoir caché des soldats alliés, près de Saint-Lô. 71 ans plus tard, après un long combat administratif, ses enfants ont obtenu une reconnaissance officielle.
juin 2015. Le téléphone de Jeanne Lauté-Le Duc, retentit. C'est la Commission nationale des cartes et titres. Jeanne n'y croyait plus. Depuis quatre ans, elle essaye d'obtenir la carte de Résistant à titre posthume pour son père Édouard Le Duc, qui se faisait appeler « André ». Entre le 6 juin et le 5 juillet 1944, le commerçant manchois avait aidé et caché plusieurs soldats anglais et américains, dont le lieutenant Norman Poole. Avant d'être exécuté par des soldats allemands. Dans notre édition du 9 mai, nous avions relaté la rencontre du gendre du para anglais et des enfants d'André Le Duc, à Remilly-sur-Lozon. « À la fin de la guerre, maman, veuve, était occupée à élever les six enfants. Elle n'a pas fait les démarches nécessaires à l'obtention du statut de Résistant », confie sa fille. Ce 9 juin, au téléphone, on lui annonce un avis favorable. « J'étais tellement heureuse ! » 71 ans après sa mort, « André » obtient la carte de Résistant. Le para mort fin juin La première demande de Jeanne et son frère Antoine Le Duc date de 2011. L'historien normand Michel Boivin y confirmait dans une lettre les actes de résistance de leur père, « rallié dès 1940 au général de Gaulle ». Il a fait de la « pédagogie dans le bourg de Rémilly et constitué un groupe de résistance en 1943 ». Mais la demande est rejetée en 2012. « Nous étions déçus, nous avons laissé tomber quelques temps », concède la fille du Résistant. Le 70e du Jour J, en 2014, ravive la flamme. L'administration est une grande dame qu'il faut savoir interpeller. « On a un peu poussé la porte de la secrétaire de la commission, à Caen », sourit Jeanne. Celle-ci leur conseille de faire une demande en recours gracieux, en remontant un dossier « plus petit ». Un succès, et « un soulagement ». Une nouvelle plombée quelques jours plus tard. Le 26 juin, l'ancien officier Norman Poole, grâce à qui toute l'histoire a pu être retrouvée, décède à l'âge de 92 ans. « Il n'a pas parlé de cette histoire pendant près de 70 ans et il le fait quelques mois avant de mourir », confie Jacques, le mari de Jeanne. « Nous avions le projet de le rencontrer sur place, s'émeut celle-ci. C'est émouvant que ce soit un Anglais qui ait réveillé notre propre histoire. » Les enfants Le Duc ont envoyé leurs condoléances à John Tripp, gendre du para. Sa rencontre avait permis de préciser des détails. Comme l'épisode du pont de Bateau, quand, à la mi-juin, les Anglais fournissent du matériel à André Le Duc et l'un de ses compagnons, Marcel Rauline, pour faire sauter le pont. Celui-ci n'explose qu'en partie et reste praticable. « Nous avons même retrouvé deux de leurs cachettes. » Après notre article, l'un de nos lecteurs, Léopold Lepage, a rencontré Jeanne et Antoine pour recouper leurs recherches. « Mon grand-père était leur voisin. Ça s'est passé dans notre village, mais on n'en parle pas parce que c'est classé confidentiel. » Les blancs laissés par l'histoire se comblent lentement. Parfois trop.

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