mardi 27 avril 2021
Son père est un héros pour les Anglais par Zoé BAILLET - Article Ouest-France
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2015-10-13/son-pere-est-un-heros-pour-les-anglais-337550a1-e157-4614-b823-2cda94d714bb
En 1944, André Le Duc, commerçant normand, a été exécuté par les Allemands pour être venu en aide à plusieurs parachutistes anglais. Son histoire, longtemps restée confidentielle, prend aujourd’hui une nouvelle dimension. Rencontre avec sa fille Jeanne, à Remilly-sur-Lozon, dans la Manche.
Elle ouvre l’épaisse chemise qui renferme des années de recherches, des documents d’archives ou des témoignages récoltés ici et là. Sur le haut de la pile, un précieux petit carton vert, reçu au mois d’août. Jeanne Lauté-Le Duc prend dans ses mains la carte de Combattant volontaire de la Résistance attribuée à son père, plus de 71 ans après sa mort. « Cette carte, c’est la reconnaissance de ses actions. Maintenant, on ne peut plus les remettre en question. »
Jeanne est la fille d’Édouard Le Duc, plus communément appelé « André ». Lors du Débarquement, ce commerçant de Remilly-sur-Lozon (Manche) a aidé un groupe de parachutistes anglais à se cacher. Avant d’être exécuté par les Allemands, le 7 juillet 1944.
Honoré par les Anglais, à peine connu en France
« Ici, à Remilly, mon père a toujours été considéré comme un héros. La salle des fêtes porte son nom, une des rues du bourg aussi. » Mais une fois sortie du village dans lequel elle a grandi, Jeanne a la sensation que ce qu’il a accompli sombre dans l’oubli. « Avec mon frère Antoine, nous sommes allés à l’Onac (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) de Saint-Lô, pensant y trouver des éléments. » Aucun dossier n’existait au nom d’André Le Duc.
« L’histoire de notre père est mieux connue par les Anglais que par les historiens de la région. » Jeanne l’a compris, il y a quelques années maintenant. « Lors du 60e anniversaire du Débarquement, une délégation du SAS (Special Air Service, unité de forces spéciales de l’armée britannique) est venue se recueillir sur sa tombe à Remilly. » Car Outre-Manche, André Le Duc est un vrai héros. Les parachutistes auxquels il est venu en aide faisaient partie de l’opération Titanic, racontée dans le film « Le jour le plus long » et lors de laquelle 500 poupées ont été larguées afin de détourner l’ennemi des zones de parachutage réelles.
D’année en année, les deux enfants du commerçant recollent les morceaux. « C’est presque thérapeutique », avoue Jeanne, aujourd’hui âgée de 74 ans. En 2011, ils tentent une première fois d’obtenir la carte de Résistant, mais leur demande est rejetée. « Ça nous a un peu dépités. » La constitution d’un nouveau dossier permet de changer la donne. « Nous avons enfin le sentiment que la France lui accorde sa reconnaissance. »
Bientôt la sortie d’un livre ?
En plus de lui rendre hommage, les Britanniques sont ceux qui relateront le mieux les exploits d’André Le Duc. Et notamment John Tripp, le gendre du lieutenant Norman Poole – l’un des paras à avoir sauté le 6 juin 1944 – venu rencontrer Jeanne et son frère en mai dernier. « Il nous a demandé de tout lui montrer, la moindre cachette de notre père, le moindre lieu par lequel il était passé. »
Depuis, John Tripp s’attelle à la rédaction d’un livre, dans lequel il veut relater l’histoire du résistant. « Le nom de notre père apparaîtra aussi dans le « Dictionnaire biographique des déportés, fusillés, massacrés » », annonce Jeanne. L’ouvrage, réalisé par plusieurs universitaires, dont Michel Boivin, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Caen, devrait paraître en 2017. « Le cheminement est clos, sourit Jeanne. Papa reprend un peu vie aujourd’hui. »
lundi 26 avril 2021
Histoire familiale. Elle s'est battue pour la mémoire de son père è Article La manche Libre
https://www.lamanchelibre.fr/actualite-718971-histoire-familiale-elle-s-est-battue-pour-la-memoire-de-son-pere
Ce n'est qu'en 2015 qu'Edouard Le Duc a officiellement été reconnu "résistant".
Jeanne Lauté-Le Duc vit à Coutances. Elle avait 3 ans quand son père, Edouard Le Duc, de son nom de résistant André Le Duc, a été assassiné par un officier allemand...
71 ans après sa mort, André Le Duc est Résistant - Article Ouest-France
https://www.ouest-france.fr/normandie/71-ans-apres-sa-mort-andre-le-duc-est-resistant-3587541
« André » Le Duc a été exécuté en 1944 pour avoir caché des soldats alliés, près de Saint-Lô. 71 ans plus tard, après un long combat administratif, ses enfants ont obtenu une reconnaissance officielle.
juin 2015. Le téléphone de Jeanne Lauté-Le Duc, retentit. C'est la Commission nationale des cartes et titres. Jeanne n'y croyait plus. Depuis quatre ans, elle essaye d'obtenir la carte de Résistant à titre posthume pour son père Édouard Le Duc, qui se faisait appeler « André ».
Entre le 6 juin et le 5 juillet 1944, le commerçant manchois avait aidé et caché plusieurs soldats anglais et américains, dont le lieutenant Norman Poole. Avant d'être exécuté par des soldats allemands. Dans notre édition du 9 mai, nous avions relaté la rencontre du gendre du para anglais et des enfants d'André Le Duc, à Remilly-sur-Lozon.
« À la fin de la guerre, maman, veuve, était occupée à élever les six enfants. Elle n'a pas fait les démarches nécessaires à l'obtention du statut de Résistant », confie sa fille.
Ce 9 juin, au téléphone, on lui annonce un avis favorable. « J'étais tellement heureuse ! » 71 ans après sa mort, « André » obtient la carte de Résistant.
Le para mort fin juin
La première demande de Jeanne et son frère Antoine Le Duc date de 2011. L'historien normand Michel Boivin y confirmait dans une lettre les actes de résistance de leur père, « rallié dès 1940 au général de Gaulle ». Il a fait de la « pédagogie dans le bourg de Rémilly et constitué un groupe de résistance en 1943 ».
Mais la demande est rejetée en 2012. « Nous étions déçus, nous avons laissé tomber quelques temps », concède la fille du Résistant.
Le 70e du Jour J, en 2014, ravive la flamme. L'administration est une grande dame qu'il faut savoir interpeller. « On a un peu poussé la porte de la secrétaire de la commission, à Caen », sourit Jeanne. Celle-ci leur conseille de faire une demande en recours gracieux, en remontant un dossier « plus petit ». Un succès, et « un soulagement ».
Une nouvelle plombée quelques jours plus tard. Le 26 juin, l'ancien officier Norman Poole, grâce à qui toute l'histoire a pu être retrouvée, décède à l'âge de 92 ans. « Il n'a pas parlé de cette histoire pendant près de 70 ans et il le fait quelques mois avant de mourir », confie Jacques, le mari de Jeanne. « Nous avions le projet de le rencontrer sur place, s'émeut celle-ci. C'est émouvant que ce soit un Anglais qui ait réveillé notre propre histoire. »
Les enfants Le Duc ont envoyé leurs condoléances à John Tripp, gendre du para. Sa rencontre avait permis de préciser des détails. Comme l'épisode du pont de Bateau, quand, à la mi-juin, les Anglais fournissent du matériel à André Le Duc et l'un de ses compagnons, Marcel Rauline, pour faire sauter le pont. Celui-ci n'explose qu'en partie et reste praticable. « Nous avons même retrouvé deux de leurs cachettes. »
Après notre article, l'un de nos lecteurs, Léopold Lepage, a rencontré Jeanne et Antoine pour recouper leurs recherches. « Mon grand-père était leur voisin. Ça s'est passé dans notre village, mais on n'en parle pas parce que c'est classé confidentiel. »
Les blancs laissés par l'histoire se comblent lentement. Parfois trop.
André Le Duc, du héros local à la figure résistante - Article Ouest-France
En 1944, André Le Duc a été exécuté par les Allemands pour être venu en aide à plusieurs paras anglais. Son histoire, longtemps restée confidentielle, prend aujourd'hui une nouvelle dimension
https://www.ouest-france.fr/normandie/andre-le-duc-du-heros-local-la-figure-resistante-3770479
Elle ouvre l'épaisse chemise qui renferme des années de recherches, des documents d'archives ou des témoignages récoltés ici et là. Sur le haut de la pile, un précieux petit carton vert, reçu au mois d'août. Jeanne Lauté-Le Duc prend dans ses mains la carte de Combattant volontaire de la Résistance attribuée à son père, plus de 71 ans après sa mort. « Cette carte, c'est la reconnaissance de ses actions. Maintenant, on ne peut plus les remettre en question. »
Jeanne est la fille d'Édouard Le Duc, plus communément appelé « André ». Lors du Débarquement, ce commerçant de Rémilly-sur-Lozon a aidé un groupe de parachutistes anglais à se cacher. Avant d'être exécuté par les Allemands, le 7 juillet 1944.
Honoré par les Anglais, à peine connu en France
« Ici, à Rémilly, mon père a toujours été considéré comme un héros. La salle des fêtes porte son nom, une des rues du bourg aussi. » Mais une fois sortie du village dans lequel elle a grandi, Jeanne a la sensation que ce qu'il a accompli sombre dans l'oubli. « Avec mon frère Antoine, nous sommes allés à l'Onac (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) de Saint-Lô, pensant y trouver des éléments. » Aucun dossier n'existait au nom d'André Le Duc.
« L'histoire de notre père est mieux connue par les Anglais que par les historiens de la région, a compris Jeanne, il y a quelques années maintenant. Lors du 60e anniversaire du Débarquement, une délégation du SAS (Special Air Service, unité de forces spéciales de l'armée britannique) est venue se recueillir sur sa tombe à Rémilly. »
Car Outre-Manche, André Le Duc est un vrai héros. Les parachutistes auxquels il est venu en aide faisaient partie de l'opération Titanic, racontée dans le film Le Jour le plus long, et lors de laquelle 500 poupées ont été larguées afin de détourner l'ennemi des zones de parachutage réelles.
D'année en année, les deux enfants du commerçant recollent les morceaux. « C'est presque thérapeutique », avoue Jeanne, aujourd'hui âgée de 74 ans. En 2011, ils tentent une première fois d'obtenir la carte de Résistant, mais leur demande est rejetée. « Cela nous a un peu dépités. » La constitution d'un nouveau dossier permet de changer la donne. « Nous avons enfin le sentiment que la France lui accorde sa reconnaissance. »
Bientôt la sortie d'un livre ?
En plus de lui rendre hommage, les Britanniques sont ceux qui relateront le mieux les exploits d'André Le Duc. Et notamment John Tripp, le gendre du lieutenant Norman Poole - l'un des paras à avoir sauté le 6 juin 1944 - venu rencontrer Jeanne et son frère, en mai dernier. « Il nous a demandé de tout lui montrer, la moindre cachette de notre père, le moindre lieu par lequel il était passé. »
Depuis, John Tripp s'attelle à la rédaction d'un livre, dans lequel il veut relater l'histoire du Résistant. « Le nom de notre père apparaîtra aussi dans le Dictionnaire biographique des déportés, fusillés, massacrés », annonce Jeanne. L'ouvrage, réalisé par plusieurs universitaires, dont Michel Boivin, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Caen, devrait paraître en 2017.
« Le cheminement est clos, sourit Jeanne. Papa reprend un peu vie aujourd'hui. »
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